Actualités

Maçon, un métier en pleine transformation

C’est l’un des plus vieux métiers du monde. Dès lors que l’homme a eu besoin de construire pour se loger, il a eu besoin de maçons. Alors bien sûr, entre les premières maisons et les grands immeubles d’aujourd’hui, le métier a changé. Parfois lentement et parfois radicalement. Alors que le BTP est un des secteurs qui recrutent le plus, ce métier millénaire souffre encore de préjugés ou plutôt de méconnaissances. Le métier continue d’évoluer et s’adapte aux enjeux environnementaux qui s’imposent, aux nouvelles technologies qui se développent. Le concept Empreinte vise ainsi à mieux faire connaitre un métier manuel indispensable et à poser des pistes pour son évolution. Rapide tour d’horizon de ce métier en pleine transformation à travers le regard de Jérôme Robet, Directeur Général et associé d’ERB.

Un métier indispensable

Selon la Fédération Française du Bâtiment, la maçonnerie et le gros œuvre représentent la première activité du Bâtiment avec 30% des actifs et du chiffre d’affaire, soit 431 000 actifs (321 000 salariés et 110 000 artisans travaillant seuls). Alors que la France doit construire plus de 300 000 logements par an pour faire face à la demande, on voit l’importance du métier dans notre société. Jérôme Robet, qui dirige aujourd’hui ERB avec un collectif d’associés, a commencé dans la profession à l’âge de 16 ans. Vingt ans plus tard, c’est la fierté de son métier qui le porte. « Sur la route,  je fais toujours un détour pour voir les bâtiments sur lesquels j’ai travaillé. Quand tu es maçon, tu laisses une trace. Tu es dans le concret. Le résultat de ton travail est visible ».

Aujourd’hui, 66% des Français ont une bonne image des maçons[1]. Une image positive qui a évolué depuis quelques années grâce notamment à la revalorisation des métiers manuels et à des transformations sur les chantiers. « Entre les années 70 et 2000, globalement, le métier n’a pas beaucoup évolué. Les modes constructifs n’ont pas beaucoup changé. Mais petit à petit les grues et le matériel en général on bénéficié de technologies plus poussées » observe Jérôme Robet.

Des évolutions en cours

Cette amélioration du matériel et le changement des pratiques répondent à une contrainte majeure auquel est confronté le secteur : le manque de main d’œuvre. Un constat qui s’est peu à peu imposé dans la profession à partir des années 2000 avec la baisse du nombre d’élèves dans les Centres de Formations d’Apprentis (CFA). Un manque d’attrait du métier qui peut trouver plusieurs explications comme la dévalorisation des métiers manuels dans les filières de formation traditionnelles ou une mauvaise connaissance du métier. Aujourd’hui près de 7 entreprises du bâtiment sur 10 anticipent ainsi des difficultés lors de leurs recrutements.[2] Alors les entreprises cherchent de nouvelles voies pour recruter et retenir leurs talents. Chez ERB par exemple, cela passe par la valorisation des collaborateurs et de leur travail. Une attention particulière est ainsi apportée à la propreté des chantiers, premières vitrines de l’entreprise et de son savoir-faire. L’entreprise mise aussi sur l’évolution et l’implication. Les deux actionnaires majoritaires sont d’anciens employés, et plusieurs salariés sont actionnaires et participent aux discussions stratégiques. Une façon d’impliquer les équipes et de partager la valeur.

L’environnement est également devenu un sujet majeur dans le métier : meilleure utilisation des matériaux, tri systématique des déchets, nouvelles pratiques de recyclage. Autant d’évolutions qui permettent au métier de se réinventer. Alors que les nouvelles générations montrent une conscience écologique accrue, la transformation des métiers du bâtiment vers des pratiques plus vertueuses apparait comme un nouvel atout pour la filière.

Le numérique fait également son entrée sur les chantiers. C’est même l’une des évolutions majeures pour Jérôme Robet « pendant longtemps, le secteur du bâtiment s’est assis sur des lauriers. Il y avait du boulot, il y avait des hommes. Parfait. Sauf qu’aujourd’hui, il y autant de boulot qu’avant, mais il y a moins de personnes pour le faire. Alors il faut trouver des solutions. Et les outils numériques y participent. Il y a eu les grues, les banches, demain il y aura le numérique qui va nous accompagner.» Une évolution qui passera par un changement progressif des mentalités pour accepter le changement, l’intégrer dans des process très établis et adapter le métier. L’utilisation de l’impression 3D dans la première construction Empreinte permet ainsi de voir réellement les apports de la technologie, mais aussi certaines limites. 

Un métier d’équipe

Au-delà de ces évolutions, l’âme du métier perdure. Un métier synonyme de liberté pour le dirigeant d’ERB « Sur les chantiers, tu es dehors. Tu te sens libre. » Un métier, comme tous les métiers du bâtiment, qui se conçoit en équipe. En effet, les métiers du gros œuvre n’interviennent jamais seuls mais en coordination avec tous les autres métiers du bâtiment. Dans le processus traditionnel, les entreprises de gros œuvre sont en général consultées en dernière, une fois les plans établis et un budget alloué. Un fonctionnement vertical ancré dans les pratiques que vient questionner le projet Empreinte. Dès la conception, toutes les entreprises et les différents métiers ont ainsi été autour de la table pour concevoir cette première maison. Cela permet de croiser, et de mettre sur le même plan, l’expertise terrain avec les études et l’architecture. Une nouvelle façon de construire qui permet d’anticiper le chantier et d’éviter certains non-sens. « Quand on doit faire des bâtiments avec des baies vitrées exposées au Nord, nous on sait que c’est une abération. Mais quand on est sur le chantier, c’est trop tard. »

On le voit, les temps changent pour les maçons. Un métier qui doit relever de nombreux challenges pour s’adapter à de nouvelles attentes et à de nouveaux enjeux. Un métier qui reste surtout indispensable et central pour construire l’habitat de demain. Un métier souvent mal connu qui bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle vitrine à travers le projet Empreinte.


[1] https://www.batiweb.com/actualites/vie-des-societes/qu-attendent-les-francais-des-artisans-du-batiment-etude-2020-03-12-36159

[2] https://www.metiers-btp.fr/download/3422/